Lauréat
•
Mai
1995
Bien qu’ils soient arrivés au Canada d’Haïti en 1969, Alix Joseph et Jean Lafleur n’ont fait équipe qu’à partir de 1982. Mais depuis, ils ont travaillé d’arrache-pied ensemble à l’intégration de la communauté haïtienne de Rivière-des-Prairies dans le nord-est de Montréal. Ils ont consacré un nombre incalculable d’heures et toutes leurs énergies pendant presque dix ans dans le Centre haïtien de regroupement et d’intégration à la société canadienne et québécoise (CHRISOCQ), un centre communautaire haïtien se consacrant tant aux jeunes qu’aux personnes âgées ainsi qu’à l’aide aux familles et aux chômeurs. Même avant la création du CHRISOCQ, Alix Joseph se préparait à sa future mission en étudiant la psychologie à l’Université Concordia. En 1982, après avoir interrompu ses études pour remplir des responsabilités familiales, il se joint à une équipe dynamique pour mettre sur pied une coopérative d’habitation afin de répondre aux besoins des familles haïtiennes aux prises avec la discrimination raciale dans l’accès au logement. La construction a commencé en 1983, et bientôt, 46 familles ont emménagé au centre. C’est à la coopérative qu’Alix Joseph a fait la connaissance de Jean Lafleur, un employé du ministère des transports récemment mis à pied. Ils ont fait équipe et décidé de terminer leurs études. À l’UQAM, Alix Joseph travaille sur une maîtrise en éducation pratique et Jean Lafleur, sur un diplôme en immigration et en relations interculturelles. Au cours de cette période, la communauté haïtienne de Rivière-des-Prairies a crû rapidement, et du même coup les besoins en développement de celle-ci. Les personnes âgées étaient tout particulièrement vulnérables. Comme l’explique Alix Joseph, « Les personnes âgées étaient nouvelles au pays et ce changement était radial pour elles. Leur manque de mobilité et leur isolement ont rendu impossible leur intégration à la communauté. Par conséquent, nous avons mis sur pied un club de l’âge d’or pour leur donner la chance de rencontrer d’autres personnes, de sortir et de se faire des amis. » Au cours de la même période, la récession des années 1980 frappait durement, tout particulièrement dans la communauté haïtienne. « Nous avons assisté à la désintégration de la famille haïtienne telle que nous la connaissions ; alors, nous avons commencé à travailler avec les familles ainsi que plusieurs familles monoparentales. Nous avons donc lancé des programmes de recherche d’emplois et de rétention à la même époque, et ces programmes sont toujours actifs aujourd’hui, » raconte Jean Lafleur. Ils informent les entreprises des actions positives générées par l’embauche. Ils conseillent également les membres de la communauté sur les programmes et les centres de santé.
Lauréat